16-18 mars 2015 : Delta du Mekong

Le 16

Après un départ un peu difficile de Saïgon  (pas de bus allant jusqu'à notre point de chute, pas de voiture avec chauffeur libre non plus, donc trajet effectué dans un bus de tour operator qui nous a déposés à une première étape : Cai Be).

 

Au cours du voyage, le guide, tout en faisant le speech à son groupe, nous a trouvé la solution pour terminer notre périple du jour : une grande barque en bois avec un toit en bambou rien que pour nous.

Notre pilote nous a d'abord débarqués devant notre restaurant du midi (une ancienne maison coloniale, chez Bo Duc) repéré grâce au Routard, nous a attendus puis nous a emmenés à notre guesthouse (Nam Hien) située sur une île à 30 km de là (Ben Tre, Cho Lach), non sans mal car lui ne la connaissait pas plus que nous. Au débarcadère nous attendaient une dame et sa fille sur une moto. Nos valises ont effectué la fin du trajet accrochées tant bien que mal sur la moto pendant que nous finissions notre route à pied avec la dame (elle avait pris soin de nous apporter des parapluies pour nous protéger du soleil !)

 

Le Mékong, qui prend sa source au Tibet, se jette dans la mer au bout du delta (c'est un peu leur Camargue à eux !). Tous les bateaux ont des yeux dessinés sur la proue pour voir au fond du fleuve (c'est pas gagné vu la couleur de l'eau !). Les bras sont hyper larges, bordés de taudis qui laissent parfois place à un peu de verdure. On croise d'énormes péniches dans l'eau jusqu'aux moustaches, des petites barques chargées de fruits, chaque embarcation ayant son produit (pastèques pour l'une, ananas pour l'autre,  etc).

 

N'allez pas croire que les petites îles ne sont que des endroits paisibles et verdoyants, on y trouve le même capharnaüm que partout ailleurs. Pourtant dès que l'on quitte la route principale on se retrouve sur des petits chemins qui serpentent parmi les citronniers, pamplemoussiers, jacquiers, mangoustans, arbres à pain, bananiers et palmiers. 

 

Au milieu de tout ça : notre guesthouse, de jolis bungalows adossés à une ancienne maison coloniale (ce ne sont pas des lieux où habitaient des colons, mais de riches familles de mandarins). La famille qui y vit est adorable mais ne parle que vietnamien, on se sourit, ils rient beaucoup, on s'explique un peu par gestes et ça passe  !

En fin d'après midi, jolie balade à vélo sur ces petits chemins au milieu des vergers où les paysans arrosent leurs arbres. 

 

On va vous faire envie car à midi on a mangé de l'orphiocéphale plus communément appelé poisson oreille d'éléphant ! Dit comme ça c'est alléchant n'est ce pas ?

La chair est d'une consistance agréable mais c'est un peu fade, la serveuse nous l'a dépiauté avec des baguettes pour en faire des nems avec de l'ananas et du concombre, donc on n'en n'a pas trop senti le goût  !

Et puis il faut éviter de penser qu'il venait d'être péché dans le Mékong qui sert de tout à l'égout à toute la population du coin...

La chaleur est juste agréable, pas spécialement humide. Aujourd'hui le ciel était plutôt bleu et il n'y a pratiquement pas de moustiques. 

 

La suite demain peut-être car on sera chez l'habitant très authentique d'après les dires sur les forums, et puis faudra déjà qu'on y arrive (sur une autre île à 100 km de là).

 

Le 17

Coucou nous revoilou ! Après un bon petit déjeuner hier matin (crêpes avec confitures d'ananas et de fruits de la passion maison) nous avons pris congé de nos hôtes.

Solution trouvée par leur soin : un chauffeur qui nous a emmenés au ferry pour atteindre notre 2ème petite île (île du Tigre), avec arrêt en cours de route à Sadec pour jeter un oeil à l'école dirigée en 1930 par la mère de Marguerite Duras, et à la maison de son amant chinois.

Pour l'école rien d'intéressant au niveau durassien, mais c'était sympa d'évoluer au milieu de tous ces gamins de primaire. Ici toutes les portes sont ouvertes, les gamins vont et viennent, on peut visiter... Ça piaille comme chez nous...

Au Vietnam il y a des écoles et des gamins partout !

Quant à la maison de l'Amant, on nous a offert du thé et du gingembre confit, rien de bien intéressant par ailleurs, si ce n'est les photos d'époque des protagonistes et de leurs familles respectives. Il faut bien le dire, les acteurs du film sont beaucoup plus beaux que les vrais, de même que les paysages du Vietnam sont sublimés par Jean Jacques Annaud. 

Arrivés au ferry, nous avons fait exploser notre budget : 0,04 € PAR PERSONNE !!! 

 

En fait c'est plutôt le trajet avec chauffeur qui l'a explosé (75 € pour 100km). 

 

Une fois sur l'île il nous fallait trouver notre homestay, tenue par M.Nghia dont nous n'avions que le téléphone. Nous avons tendu notre portable au fonctionnaire en uniforme préposé au contrôle des tickets. 5 minutes après, arrivaient 2 charrettes accrochées chacune à une moto et nous voilà partis, à fond la caisse chez M. Nghia ! 

Et là pour la première fois, nous voici logés dans la partie ancienne d'une maison "chez l'habitant", c'est à dire celle en boiseries sculptées avec les meubles incrustés de nacre, où se trouve l'autel des défunts de la famille avec leurs photos.

Le temps de nous installer c'était reparti pour une balade en vélo : tour de l'île, 15 km. Très différente de la veille, ici pas de vergers, une végétation plus anarchique, avec tout au long du chemin des masures en tôle et en bois, dont les habitants vendent tous quelques denrées devant leur porte.

Notre passage a beaucoup amusé les enfants, il y avait ceux qui voulaient nous toucher, ceux qui venaient nous voir de près mais qui avaient un peu peur quand même, c'était les petites filles les plus espiègles !

C'était visiblement l'heure du bain : bébé tout savonné dans sa cuvette, toute une fratrie en train de se shampouiner dans un bras du Mékong, c'est à dire au milieu des immondices dans une eau à demi croupie. Et ils riaient aux éclats... Un peu plus loin une dame y faisait sa lessive. On ne voudrait pas paraître trop délicats, mais nous n'y aurions même pas baigné notre chien ! 

On a failli oublier de vous narrer le moment le plus drôle de notre balade quand nous nous sommes faits arrêter par un gaillard hilare et édenté qui a obligé Marc à boire un verre de gnôle de papaye cul sec (MP n'y a pas eu droit ). Marc a réussi l'examen haut la main. Tout le monde a applaudi ! On a eu du mal à repartir ! 

 

De retour à notre homestay, le dîner nous attendait. On a encore eu droit au poisson oreille d'éléphant (on l'avait vu agoniser dans une cuvette l'après midi et on pensait bien qu'il nous était destiné !). Il y avait bien sûr d'autres plats - soupe, riz, légumes - mais, pour la première fois nous avons reculé devant l'obstacle qui se présentait sous forme de petites anguilles en ragoût et sentaient un peu fort ! On a poliment refermé la casserole et, par mimiques, on a fait comprendre qu'on n'avait vraiment plus faim, ce qui par ailleurs n'était pas faux. 

 

Dans ce cadre, la nuit s'annonçait calme sur nos lits d'hôpital de campagne (!), mais c'était sans compter sur musique, motos, geckos, générateur, pour finir par le chant des coqs, et y'en a à foison ! 

 

Ce fut notre séjour le plus authentique mais les échanges ont été presque inexistants. 

En fait on a cru comprendre que toute la famille était rassemblée auprès d'une aïeule très âgée qui vivait sans doute ses derniers jours !

 

Le 18

Après petit déjeuner, re-moto-charrette vers le ferry, re 0,04€ ! Nous pensions ensuite prendre un taxi pour aller jusqu'à la gare de bus excentrée, et de là prendre un bus pour Rach Gia, d'où nous devons embarquer demain pour l'île de Phu Quoc

Au bout d'une dizaine de kilomètres nous avons commencé à comprendre que le chauffeur nous emmenait bien à la gare de bus, mais celle de notre destination finale, à 90 km de là ! Ça nous a encore coûté un bras mais du coup on est arrivés tôt et on s'est dit chouette on va partir pour l'île un jour plus tôt ! Pas de bol le bateau d'aujourd'hui était complet !

 

Dans l'attente de demain nous sommes dans un petit hôtel moche, dans une ville moche. C'est pour ça qu'on vous écrit un roman  !

 

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